Banques Centrales et gouvernements ont appris de leurs erreurs de 2008 !
Ceux qui croyaient en la fin d’un cycle économique auront fini par avoir raison, mais ils étaient certainement très loin d’imaginer les motifs de cet arrêt brutal et sans précédent de l’économie mondiale :
une pandémie qui aura forcé 3 Mds d’êtres humains à se confiner et donc réduire au strict minimum leur consommation créant à la fois un choc d’offre et de demande.
Il est vrai qu’il est rassurant pour tout un chacun et particulièrement pour les investisseurs sur les marchés d’actions de trouver des points de comparaison avec les crises précédentes. Certains prendront donc comme référentiel la crise de 2008. Elle avait eu comme point de départ une crise immobilière qui avait touché de plein fouet des centaines de milliers de ménages américains surendettés à taux variables. Elle s’était ensuite transformée en crise financière dévastatrice, sous l’effet notamment de la titrisation sans précédent des subprimes3.
La crise de défiance qui s’en était suivie envers un système financier mal préparé (faillite de Lehman Bothers) avait fini par se transformer en une crise économique mondiale majeure. D’autres comparent déjà le choc récessif induit par le Covid-19 avec celui de la crise de 1929. Même s’il paraît vraisemblable que le rythme de contraction de l’économie mondiale soit proche de celui de 1929 en raison de la mise « sous quarantaine » de l’économie mondiale, il est également probable qu’à partir du deuxième semestre de cette année l’économie mondiale reparte de l’avant avec un peu plus de vigueur que certains ne pourraient le croire.
En effet, la rapidité avec laquelle les principales Banques Centrales du monde entier ont réagi et l’ampleur historique des rachats d’actifs annoncés, ont permis jusqu’à présent au système bancaire et financier de tenir remarquablement face à une situation qui aurait pu être dévastatrice. Cette fois, même la BCE n’aura pas été en reste contrairement à sa position de 2008 ou de 2011 lors de la crise de la zone euro. Cette action des Banques Centrales explique pour beaucoup le rebond spectaculaire des indices boursiers par rapport aux points bas du mois de mars 2020 et qui pourrait continuer encore avant la publication des résultats des entreprises pour le 2ème trimestre. Les mesures d’accompagnement et de relance annoncées par les Etats ont également permis d’éviter à ce stade des faillites en chaîne et des mesures trop radicales de licenciements. A ce titre il est important de signaler - alors même que personne ne pariait sur une cohésion au sein de l’Union Européenne – que le plan de relance européen est historique et très ambitieux : 750 Mds € incluant 500 Mds € de dépenses et 250 Mds € de prêts. Sans compter les plans de relances nationaux, et cette fois même l’Allemagne, par le passé coincé dans une certaine orthodoxie budgétaire, s’y est mis en annonçant récemment un nouveau plan de relance de 130 Mds € !
Loin de nous l’idée de prétendre que tout est réglé et que tous ces plans de relances se dérouleront sans accrocs, mais nous pensons que le pire a été évité. Certes, il reste maintenant des questions d’importance qui conditionneront la forme de la reprise économique et son ampleur :
l La reprise du trafic aérien durant la période estivale sera cruciale car elle conditionne la reprise du tourisme et donc des services, secteurs ayant des besoins importants de main d’œuvre ;
l La capacité des Etats à ne pas remettre en place des mesures de confinement en cas de résurgence de la pandémie (les masques et l’expérience acquise par la population sur les gestes barrières seront cruciaux) ;
l Trump ou Biden ? les investisseurs ont démontré par le passé une préférence pour Trump, mais compte tenu de la gestion du Covid-19 la situation pourrait évoluer en faveur de Biden.
l Maintien des accords commerciaux avec la Chine ?
Remise en cause par l’une ou l’autre des parties de l’accord en place ? Entrée dans une seconde phase de négociation et son lot d’incertitudes ?
l L’ampleur de la remontée du taux de chômage dans un environnement post Covid-19 conditionnera la reprise de la consommation qui rappelons le représente les 2/3 du moteur de la croissance américaine.