Banques Centrales & gouvernements ont appris de leurs erreurs de 2008 !

16 Mars 2021
Finance

Ceux qui croyaient en la fin d’un cycle économique auront fini par avoir raison, mais ils étaient certainement très loin d’imaginer les motifs de cet arrêt brutal et sans précédent de l’économie mondiale : une pandémie qui aura forcé 3 Mds d’êtres humains à se confiner et donc réduire au strict minimum leur consommation créant à la fois un choc d’offre et de demande. 

Il est vrai qu’il est rassurant pour tout un chacun et particulièrement pour les investisseurs sur les marchés d’actions de trouver des points de comparaison avec les crises précédentes. Certains prendront donc comme référentiel la crise de 2008. Elle avait eu comme point de départ une crise immobilière qui avait touché de plein fouet des centaines de milliers de ménages américains surendettés à taux variables. Elle s’était ensuite transformée en crise financière dévastatrice, sous l’effet notamment de la titrisation sans précédent des subprimes. La crise de défiance qui s’en était suivie envers un système financier mal préparé (faillite de Lehman Bothers) avait fini par se transformer en une crise économique mondiale majeure.

D’autres comparent déjà le choc récessif induit par le Covid-19 avec celui de la crise de 1929. Même s’il paraît vraisemblable que le rythme de contraction de l’économie mondiale soit proche de celui de 1929 en raison de la mise « sous quarantaine » de l’économie mondiale, l’économie mondiale a redémarré fortement au troisième trimestre et le deuxième confinement du quatrième trimestre n’a pas eu les conséquences dévastatrices du 1er confinement.

La rapidité avec laquelle les principales Banques Centrales du monde entier ont réagi et l’ampleur historique des rachats d’actifs annoncés, ont permis jusqu’à présent au système bancaire et financier de tenir remarquablement face à une situation qui aurait pu être dévastatrice. Cette fois, même la BCE n’aura pas été en reste contrairement à sa position de 2008 ou de 2011 lors de la crise de la zone euro. Cette action des Banques Centrales explique pour beaucoup le rebond spectaculaire des indices boursiers par rapport aux points bas du mois de mars 2020 et qui s’est poursuivi en ce début d’année suite à la publication des résultats des entreprises pour le 4ème trimestre. Les mesures d’accompagnement et de relance annoncées par les Etats ont également permis d’éviter à ce stade des faillites en chaîne et des mesures trop radicales de licenciements massifs. À ce titre il est important de signaler - alors même que personne ne pariait sur une cohésion au sein de l’Union Européenne – que le plan de relance européen est historique et très ambitieux : 750 Mds € incluant 500 Mds € de dépenses et 250 Mds € de prêts. Sans compter les plans de relances nationaux, et cette fois même l’Allemagne, par le passé coincée dans une certaine orthodoxie budgétaire, avance à l’unisson.

Enfin l’annonce des vaccins depuis le mois de novembre et la confirmation des vaccinations de masse qui se profilent apportent l’espoir aux investisseurs que l’économie mondiale devrait pouvoir revenir à la normale à partir du deuxième semestre 2021. Sur les marchés financiers les investisseurs se projettent en général à 6 mois, mais aujourd’hui les investisseurs semblent déjà anticiper un retour à la normale en 2022 dans un monde sans Covid-19.

Loin de nous l’idée de prétendre que tout est réglé et que tous ces plans de relances se dérouleront sans accrocs ou que les vaccinations pourront se faire aussi rapidement que prévue, mais nous pensons que le pire a été évité. Certes, il reste maintenant des questions d’importance qui conditionneront la forme de la reprise économique et son ampleur :
l La reprise du trafic aérien car elle conditionne la reprise du tourisme et donc des services, secteurs ayant des besoins importants de main d’œuvre ;
l La capacité des Etats à trouver le bon compromis entre santé publique et relance de l’économie ;
l La capacité des vaccins à protéger des nouvelles « souches » ;
l Maintien des accords commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine ? Remise en cause par l’une ou l’autre des parties de l’accord en place ?
l L’ampleur de la baisse du taux de chômage aux Etats-Unis dans un environnement post Covid-19 conditionnera la reprise de la consommation qui rappelons-le représente les 2/3 du moteur de la croissance américaine.

Banques Centrales & gouvernements ont appris de leurs erreurs de 2008 !