Huvafen Fushi
Un resort très easy-going qui cache bien ses ressources. C’est peut-être l’une des plus belles piscines à débordement pour la myriade de perspectives qu’elle offre. Mais elle n’est pas le principal atout du Huvafen Fushi. Un spa unique au monde, un repaire oenologique et un surprenant izakaya - où le saké est élevé au rang de divinité. Suivez notre plongée, sans bouteilles mais avec un verre, au coeur ce petit écrin. Depuis Malé, direction le septentrion, à de trente-cinq minutes de speed boat.
C’est parce que c’est l’un des seuls spas sous-marins au monde que cet hôtel de l’atoll nord est connu par les aficionados d’expériences hors normes. Et dans ce domaine, l’équipe de thérapistes du Pearl (c’est son nom) a bien fait les choses. En axant leurs produits sur la communion, la reconnexion entre... couples. Tout commence dès que le soleil pointe le bout de ses rayons. A l’heure où les grands fauves sub-aquatiques commencent à être repus. A l’écart au bout d’un ponton gris souris, à quelques marches en dessous de la mer. L’expérience avec l’être cher commence par un elixir revigorant à base d’herbes et d’épices pour mettre au garde à vous, sens et papilles encore lovés dans la nuit indienne. S’ensuit alors une exploration polysémique du terme intraduisible de “togetherness”. Entouré par le ballet silencieux du fretin maldivien qui butine sa corolle de corail, l’heure est à la méditation. La voix du chef yogi mène dans les profondeurs de la relaxation et de la méditation transcendantale. Une fois le subconscient apaisé, un petit déjeuner 100% nature compense le besoin en glucides. Histoire de gagner en vitalité et s’armer pour l’étape suivante le PURE Massage. Une méthode mise au point par Beata Aleksandrovicz qui joue sur une partition de techniques complexes et complémentaires. Massage en profondeur des tissus, activation des trigger points, relâchement myofascial, guérison quantique (dérivée de la pleine conscience) et travail énergétique. Pour cette fervente partisane de l’alignement holistique entre conscience, esprit et corps, l’organisme a une
intelligence lorsqu’il s’agit d’auto-défense et d’auto-guérison C’est tout le sens de ce “climaxage” dont l’itinéraire débute de la tête pour terminer aux pieds avec une attention particulière sur le cou, le dos et les épaules. Deux heures sont donc nécessaires pour cartographier l’ensemble des tissus du corps des heureux récipiendaires avec comme unique GPS les mains des praticiens. On est en couple pour une road map très sensuelle. Suivent ensuite un soin facial avec des produits Teresa Tarmey (s’il vous plait…) et un massage des pieds pour re-énergiser l’organisme si bien pouponné. Remonter à la surface n’est alors qu’une simple formalité.
Mais l’empire des sens ne se loge pas que dans les traitements. Au Huvafen Fushi, on a également la culture des grands vins. Et attention, il y a du lourd, du très lourd même. Chez Vinum, l’un des six restaurants du resort. Et une fois encore, tout se passe sous l’eau ou plutôt sous le sable. A sept mètres de profondeur, Vinum le bien-nommé accueille quelques sept mille flacons. Y sont convoqués les super stars du bordelais, les étoiles de la Bourgogne, les premiers de la classe Champagne ou les prime donne du Piedmont. Alors oui, on peut croiser une ébouriffante Romanée Conti de 1995 à 28,000 USD, une impériale de Mouton Rotschild née en 2001 à 39,000 USD, ou encore un opulent Dom Ruinart Rosé de 1985 (!) à 1400 USD. Mais les très grosses cylindrées sont partageuses et ne font pas ombrage au must drink de la cave entretenue par Philippe Rouin. Car le prix n’est pas forcément un marqueur de plaisir. Une impressionnante liste de Syrah et Shiraz australiens de la Barossa Valley (dont les vignes n’ont jamais connu le phylloxera), de chenins néozélandais ou d’étonnants mourvèdres sud africains occupent la plupart des rayonnages. Et pour ces derniers, les tarifs, somme toute raisonnables, sauront enchanter un repas célébrant vingt années d’union libre.
Pour ceux qui ne prennent du plaisir que dans la frappe stricte et droite d’un saké ou d’un shochu, Feeling Koi est l’endroit idoine. Un long deck ouvert sur l’horizon. Michito Kaneko aux platines des palais avec une sélection très pointue de sakés junmai daiginjo tels que le très incisif Kokoryu Saké de la région de Fukui. D’autres alternatives sont possibles via des shochus vieillissants. Il suffit de demander à votre guide connu pour avoir reçu le prix du meilleure bartender 2015 de vous guider et de profiter de la carte.
Requinqués, rassérénés, réconfortés, grisés par tant de sollicitations du corps et de l’esprit, il reste donc à retrouver son âme soeur dans l’un des quarante quatre bungalows du complexe. Une atmosphère coolo-détendue savamment entretenue par le personnel s’en dégage. Sur sable ferme ou sur pilotis, ils sont tous d’une excellente facture. Les vis-à-vis bannis et le système audio Bose s’invite dans toutes les chambres pour une playlist taquine. Seule la vue varie. Point commun ? Chacun possède un micro bassin d’un bleu kitsch et garanti 100% sans poissons. Peut-être que cette piscinette n’est en fait qu’un prétexte pour déguster une flûte de Cristal Roderer en regardant le soleil se baigner alors que batifolent les raies-aigles et quelques unes des vingt six espèces de requins qui croisent dans les eaux maldiviennes. Après tout, les amphytrions du Huvafen Fushi n’ont qu’à appuyer sur le le bouton imagination pour s’inventer un présent avec encore plus de communion.
HUVAFEN FUSHI
North Malé Atoll 08390, Maldives
+960 664-4222
Adult only
stay@huvafenfushi.com
Par Philippe Rouin